Avec un nombre de manifestants dépassant largement le million dans les rues, la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites a démenti les diagnostics de résignation des Français. Il est trop tôt pour dire si le mouvement tiendra dans la durée, mais l’ampleur des manifestations montre que le refus de cette réforme n’est pas seulement le fait de militants syndicaux.
Emmanuel Macron a réaffirmé depuis l’Espagne sa détermination à la mener à bien, rappelant qu’il la porte depuis son premier mandat et qu’il a clairement annoncé son intention de la reprendre lors de la dernière campagne présidentielle. Mais cela sonne comme une position de principe. D’abord, parce que l’actuel projet n’a plus grand-chose à voir avec celui de 2019, qui visait la mise en place d’un système universel de retraite. Ensuite, parce qu’une pandémie est passée par là, qui a bousculé nombre de nos représentations, sur le rapport au travail, les inégalités sociales ou la solidarité avec les plus âgés.
La question des retraites est toujours appréhendée en France à partir d’un double enjeu : l’évolution démographique et le vieillissement de la population, d’une part, et les conditions économiques, d’autre part (taux de croissance, besoin de financement de la protection sociale…). Ces dimensions importent, mais elles ne sont pas les seules. Réformer les retraites, ce devrait être s’interroger sur la place du travail dans la société, l’articulation entre les différents âges de la vie, les liens de solidarité entre les générations, mais aussi entre les travailleurs qualifiés et ceux qui le sont moins, autant de débats qui n’ont pas lieu. La mobilisation actuelle devrait être l'occasion de les réouvrir.
La rédaction