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Le journal d'Erasme

Visite d’Emmanuel Macron dans la péninsule arabique : quels enseignements ? par Didier Billion (iris-france.france)

10 Décembre 2021, 11:29am

Publié par ERASME

De notre point de vue, ce n’est pas de parler aux dirigeants émiratis et saoudiens qui est choquant, mais bien plutôt le fait que la tragédie du Yémen n’ait visiblement même pas été abordée lors des récentes rencontres. Or le partenariat de la France avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis n’a aucunement réussi à modifier, en quoi que ce soit, la politique ignoble de ces États dans la guerre qu’ils mènent au Yémen. On peut aussi s’interroger sur le fait qu’aucune initiative digne de ce nom n’ait été évoquée à propos de la négociation avec l’Iran. Si la realpolitik implique légitimement de devoir dialoguer avec tous les acteurs, elle devrait aussi nécessiter que la France soit force de proposition constructive.
Au regard de la méthode et des objectifs affichés lors de la campagne présidentielle de 2017, le bilan d’ensemble de la politique extérieure de la France au Moyen-Orient n’est guère positif. Pour que la tonalité « gaullo-mitterrandienne » esquissée alors puisse se concrétiser, c’est-à-dire pour que la France affirme son indépendance et sa souveraineté, il ne suffit pas d’expliquer que « l’OTAN est en situation de mort cérébrale », il s’agit de faire valoir une politique qui sache concrètement se dégager de la gangue de l’occidentalisme et qui soit en l’occurrence véritablement indépendante de l’administration des États-Unis. Pour cela, il importe de se doter d’une vision d’ensemble et de raisonner sur le moyen terme pour n’être plus balloté par une suite ininterrompue d’événements chaotiques. Enfin, la promotion d’un véritable multilatéralisme, au Moyen-Orient comme ailleurs, devient désormais un marqueur du cours des relations internationales en opposition à ceux qui prônent un unilatéralisme dominateur. La France devrait y prendre toute sa place, ce n’est pas le cas aujourd’hui. "

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